De
jessicaparkerLe 02/11/24 à 16:48:58
Chapitre 6 : Orage d’été
« Avis de tempête »
Cash avait mordu à l’hameçon. Non, pire : il avait foncé tête baissée dans le piège tendu par le Conseil constitutionnel. Armé de ce qu’il croyait être une preuve explosive de la fraude, il multipliait les conférences de presse, les discours enflammés, criant à l’injustice et dénonçant le vol de cette élection.
Pendant ce temps, sur les quais de Seine, la douce Matha, en tenue de sport impeccable, profitait de la douce brise estivale. Son legging soulignait élégamment sa silhouette féline, et elle trottinait, casque vissé sur les oreilles, écoutant d’une oreille amusée les débats enflammés qui faisaient rage dans les studios et sur les réseaux sociaux.
Les experts s’écharpaient sur la véracité du document. D’anciens analystes et de nouvelles recrues du commentaire politique s’entredéchiraient, oscillant entre le scandale et la conspiration. Les réactions politiques allaient bon train, chaque candidat y allant de sa petite déclaration bien sentie.
Dans le camp de Defaitus, on ironisait sans retenue sur la naïveté de Cash. On le traitait presque d’enfant, d’amateur pris à son propre jeu. Quant à Nono, jamais en reste d’une bravade un peu absurde, il déclara devant les caméras : « Moi, Président, quand on faisait des faux, c’était des vrais chefs-d’œuvre, que personne ne pouvait détecter ! Le savoir-faire, ça se perd, mes pauvres amis. »
Patou, lui, se tenait à son image de sage prudent, préférant se réserver un avis avant de tirer des conclusions. “Mieux vaut attendre un peu avant de juger,” répétait-il avec un sourire presque paternel, tempérant ainsi les ardeurs des journalistes.
Flajolet, fidèle à lui-même, pestait et bougonnait, n’ayant guère besoin de raison pour se lancer dans une tirade tonitruante : la météo, la politique, la jeunesse d’aujourd’hui… tout y passait, pour peu qu’on lui tendît un micro.
Mais c’est Olivia qui surprit tout le monde. Elle, la candide, la mystérieuse, déclara avec une conviction touchante : « Pour moi, le document est un faux, mais Cash, lui, est innocent. Il doit s’être fait piéger. D’ailleurs, pour moi, un type qui porte un slip propre ne peut être qu’honnête ! » Les journalistes restèrent interdits, et certains crurent même avoir mal entendu.
Dans les couloirs du Conseil constitutionnel, l’euphorie montait. Prostipu, fier de son stratagème, jubilait, tandis que Ragnagna et PierreSansValeur s’emparaient du couloir pour entamer une chenille bretonne des plus endiablées, suivis par les éléphants maladroits engagés pour la campagne de Defaitus. Seul Pougne restait impassible, un sourire machiavélique flottant à peine sur ses lèvres.
Mais c’est alors que l’incroyable se produisit. Une ombre capricieuse descendit sur les cieux : le Tout-Puissant lui-même entra dans une colère noire, aussi explosive qu’un orage d’été. Soudain, d’une impulsion purement enfantine, Dieu bouda, piétina, et dans un geste digne d’un enfant à qui on aurait refusé son goûter préféré, décida d’expulser Cash du pays.
Sa colère, aussi imprévisible que celle d’un enfant gâté, monta encore d’un cran. Dans son caprice furieux, Dieu changea de décision à la dernière seconde : d’abord, il envisagea de l’enfermer dans les geôles de Pougne, mais même lui dut se rendre à l’évidence que Cash, pour le goût particulier du cardinal, était bien trop vieux pour ce genre de traitement. Agacé, il donna un revers de main désinvolte, et envoya Cash se perdre sur une île lointaine et infernale, domaine de la répugnante folle aux dragons, créature exilée depuis des temps anciens.
La stupéfaction figea tout le monde.
Matha s’arrêta net, les yeux écarquillés.
Flajolet, qui d’ordinaire avait toujours un mot à dire, resta sans voix.
Olivia pleura, touchée en plein cœur.
Et Nounours, imperturbable, poursuivit sa sieste.
Dans les couloirs du Conseil constitutionnel, le silence retomba d’un coup. Prostipu, Ragnagna et PierreSansValeur interrompirent leur danse, décontenancés. Même les éléphants cessèrent leurs pitreries, comme si un sixième sens leur indiquait que quelque chose venait de mal tourner.
Tous les regards convergèrent vers Pougne, qui d’ordinaire savait quoi faire. Pour une fois, il semblait perplexe, même un peu inquiet. “C’est quoi, la suite ?” murmura Nono en se penchant vers lui.
Pougne, se ressaisissant, répondit d’une voix maîtrisée : « Eh bien, selon les statuts, c’est Patou qui affrontera Defaitus au second tour. »
Nono tenta un sourire, peu rassuré : « C’est bon pour nous, ça, non ? »
Le regard de Pougne, vague et méfiant, se perdit dans le vide. « Je crois… » murmura-t-il, laissant planer un doute inquiétant, tandis que des éclairs zébraient le ciel d’été, pressentant peut-être l’imprévisible tempête à venir.
Avec le premier tour derrière eux et Cash exilé sur une île lointaine, Defaitus et Nono continuèrent de parader en terrain conquis, confortés par les sondages et leur propre arrogance. Les chiffres leur donnaient une avance suffisante, ou du moins c’est ce qu’ils s’imaginaient, et ils savouraient chaque instant comme s’ils avaient déjà remporté la victoire.
Defaitus se pavanait d’un meeting à l’autre, accueillie par des foules dociles et des conseillers zélés qui lui susurraient des promesses de triomphe. Nono, toujours fidèle à lui-même, minaudait dans l’ombre, peaufinant ses relations et se faufilant discrètement dans les conversations pour s’assurer de son futur poste, tout en lançant des sourires calculés aux caméras. Il répétait en boucle qu’il avait toujours soutenu Defaitus, comme pour graver cette vérité dans la mémoire collective.
Pendant ce temps, Patou prit sur lui de mener une campagne sérieuse et déterminée, en s’entourant de quelques alliés. Bien que ses chances paraissaient minces, il se lança dans une tournée de meetings improvisés, chaque prise de parole empreinte d’une honnêteté qui tranchait avec les sourires brillants et les promesses creuses des candidats en tête.
À ses côtés, Flajolet, fidèle à sa réputation, trouva dans cette alliance l’opportunité de râler comme jamais. Cette fois, sa colère se teinta d’une sorte de patriotisme furieux. Il pestait contre la corruption, les sondages biaisés, les décisions capricieuses venues d’en haut, dénonçant sans relâche les injustices qui, à ses yeux, compromettaient la campagne. Les gens venaient par curiosité, pour entendre ce curieux duo : Patou, l’intègre un peu rêveur, et Flajolet, le râleur dont chaque mot semblait alimenté par une colère aussi sincère que mal orientée.
Quant à Olivia, après avoir versé des larmes sincères pour Cash, elle trouva auprès de Matha un réconfort qui ralluma en elle une étincelle de détermination. Revigorée, elle se remit au combat, utilisant toutes ses forces et ses réseaux pour attirer l’attention sur l’injustice de son exil. Bien qu’aucun miracle ne se profilât à l’horizon, elle ne ménagea aucun effort pour organiser des rassemblements, lancer des appels à la libération de Cash, et mobiliser ceux qui partageaient sa ferveur. Le slogan “Un slip propre pour tous, et Cash libre !” faisait des émules, et elle n’hésitait pas à y glisser, à l’occasion, une note de dignité politique que personne ne lui connaissait.
Sur les écrans, les discours s’enchaînaient, et si Defaitus menait dans les sondages, l’engagement de Patou et l’écho croissant de sa sincérité ne passaient pas inaperçus. Dans l’ombre, Pougne observait chaque mouvement, calculant ses options. Tout semblait sous contrôle, mais il sentait dans l’air un changement imprévu, un vent de rébellion inattendu.
Et ainsi, à la veille de l’échéance, le peuple retenait son souffle.
Jour de l’élection - 00h01 - Patou remporte la présidence et accède à l’Élysée.
Vous pensiez que c’était fini ?
Nous le pensions tous ….
Mais personne ne peut prédire l’avenir .
RDV bientôt pour l’ultime Chapitre surprise