De
blondineLe 09/09/25 à 09:54:20
Cher Romgobry,
Lorsque j'ai écrit ce fameux texte avec des mots que je pensais discrets, timides même, comme le bruissement de feuilles d'un arbre secoué par une rafale insondable. Je ne savais pas, avant de recevoir ta réponse, la tienne, qu'ils pouvaient voyager aussi loin, aussi profondément. Et pourtant, voilà qu'ils ont éveillé en toi une larme dont, dis tu, que c'est quelque chose de rare dans un simple jeu. J'ai ressenti, à la fois une joie douce et une mélancolie tendre : la joie d'avoir par mes mots, touché ton cœur, la mélancolie de penser que peut être, est-ce déjà la fin de notre voyage ensemble.
Il faut que tu saches, que pour moi, ce lieu ou nous jouons, ensemble, ressemble étrangement à un immense théâtre. Un théâtre sans murs, sans rideaux, sans loges. Chacun invente son propre rôle, voir même plusieurs. Je ne suis qu'un petit panda, ici même, à travers ses lignes, un petit panda apeuré de se dévoiler ainsi. A se mouvoir sur une scène imaginaire impressionnante ou tant d'autres le font avec merveille. Blondine, tout comme Mérovée d'ailleurs, sont nés ainsi, pour me protéger de ces déceptions inévitable que tu ressens, aujourd'hui. Je suis un être sensible, un peu trop parfois au dire de ceux qui m'ont déjà approché. Mais au fil du temps dans ce jeu, ce masque s'est fissuré pour laisser entrevoir l'éclat d'une sincérité endormie. Et dont je n'avais prévu, nullement, de le faire, un jour. Et aujourd'hui, je sais que ce n'est plus blondine qui t'écrit, ou même Mérovée, mais bien moi, derrière des mots timide, et maladroit. Tu devrais me voir effectué des ricochets dans l'eau, tu trouverais cette mascarade aussi pathétique que mes écrits de ce jour.
Mais je le redis, ici même et maintenant, c'est bien mon réel moi qui suis devant ce monde féroce!
Laisse moi, une dernière fois, rien qu'une seule, rien qu'un instant, car demain, Blondine redeviendra, ce panda vêtu d'une casquette nantaise, en continuant de jouer comme elle le fait depuis le début.
Alors laisse moi t'emmener, dans cette image qui m'accompagne tout en t’écrivant ce texte chaotique, qui m'aura fallu la musique d’Alberto Giurioli et une nuit de méditation pour braver cet exploit.
Imagine nous, ensemble, dans ce théâtre immense avec ses sièges d'un rouge immaculé, le rideaux encore fermé et une unique source de lumière qui nous font découvrir de la poussière flottante. Nous sommes, tous présent, tous les personnages avec lesquelles tu aimes jouer, juste là, silencieux, en nous regardant tous d'un œil, à la fois, spectateurs et acteurs. Et tandis que nous nous parlons, je me rends compte, avec justesse, que ce n'est pas le décor qui est si important, mais cette présence fragile entre nous tous. Peut être qu'à un moment, le rideaux va s'ouvrir sur une autre pièce, avec d'autre personnages. Mais voila que maintenant, ce moment restera le tien, le nôtre à tous.
je crois que nos propres personnages ne sont que des passerelles. Des ponts de bois, entre deux rives, ou chacun de nos pas les font craquer. Mais qui nous permettent d'atteindre l'autre coté sans encombre.
Derrière @romgobryy, il y a toi avec toute ta sensibilité et derrière le panda aux yeux céruléens, il y a un moi qui n'ose que très rarement écrire "je". Et si ces deux rives se sont rejointes, même pour cette instant, et bien c'est que le pont a tenu bon.
Tu vois, et tu vas rire, oui, je l’espère, mais j'ai souvent peur de ne pas avoir les mots justes. J’écris comme je suis, bordélique, sans savoir si ce sera compris, sans certitude aucune. Mais grâce à toi et à ta réponse, tu m'as offert une si belle chose, si précieuse : la certitude que mes mots ne soient pas si vains que cela. Qu'ils ont trouvé, en toi, une résonance rare, et cela suffit à leur donner un sens, un je ne sais quoi de merveilleux, même si nos routes s’éloignent.
Merci, mille fois merci, pour ta larme, pour tes émotions, pour ta sensibilité, pour ta sincérité surtout, pour m'avoir permis de sortir de mon mutisme et de faire exister, un peu, cette personne que je suis autrement que comme une ombre errante entre les lignes des autres.
Et merci de m'avoir montré qu'au delà du jeu, il existe la vérité des émotions partagés.