De
briLe 17/08/25 à 21:20:23
***Le Ministère de l’Inutilité est bondé. Chaque recoin est occupé : hall, coursives, escaliers, mezzanines. Les journalistes se pressent, leurs appareils photos crépitent, les caméras tournent en continu. Un murmure traverse la foule : “Mais a-t-elle prévu des sous-vêtements ?” Les spéculations sur le futile n’entament en rien la gravité du moment, mais elles soulignent combien la curiosité humaine peut être ridicule face à l’inévitable grandeur. Le retard est volontaire. Chaque minute de silence est calculée. Les assistants déplacent silencieusement des dossiers, vérifient les micros, les écrans. Les spectateurs retiennent leur souffle. Puis, enfin, les portes s’ouvrent. Une silhouette se détache dans l’ombre. Bri avance, lente, souveraine. La foule se tend. Les journalistes s’affolent, tentent de capter la moindre inflexion. Chaque crépitement de flash semble accentuer le silence qui précède l’allocution. Elle monte sur le podium central, installé dans l’atrium. L’espace est vaste, mais chaque regard converge vers elle comme si le ministère entier s’était rétréci pour lui faire place. Le silence est total. Pas un murmure. Les appareils photo continuent de crépiter, martelant l’air, mais son regard balaie la salle avec une précision chirurgicale. Pas un geste superflu. Pas une expression inutile. Puis elle parle, d’une voix calme, froide, impeccable. Les mots tombent, mesurés, exacts, chacun pesé pour sa force invisible :
–*Allocution officielle – Ministère de l’Inutilité*–
“Citoyennes, citoyens,
Je ne suis pas venue ici pour plaire, ni pour me dissoudre dans un gouvernement qui se contente de gesticuler.
Je suis venue avec un objectif clair?: faire de l’Inutilité un instrument politique, précis et implacable. Un instrument qui rappelle que tout ce qui se prend trop au sérieux finit tôt ou tard par sombrer dans le ridicule.
Je n’ai pas accepté ce ministère sans conditions, et je vous le dis en toute transparence.
J’ai demandé 30 crédits?:
20 pour moi et ma première recrue. Pourquoi?? Parce que jusqu’à présent, nous n’avons rien demandé en tant que «?nouveaux joueurs?», et cela devrait être la norme pour tous.
Les 10 crédits restants seront destinés à financer une animation qui, fidèle à l’esprit de la Brigade Républicaine Inutile, sera délibérément inutile. Il est paradoxal, et pourtant nécessaire, de rappeler que ce qui semble futile, lorsqu’il est orchestré avec méthode, devient incontournable. Ces 10 crédits serviront de récompense au vainqueur.
Donc rien d’anormal.
Ma dernière exigence, non négociable, a été que CrêpeauChocolat intègre ce gouvernement.
Elle a longuement hésité et j’ai su la convaincre inutilement.Je tiens à la féliciter sincèrement pour son courage. La critique est autorisée en politique, en revanche, quiconque osera la pousser dans ses retranchements subira la foudre de la B.R.I.
Pendant que nous sommes dans la transparence, voici mon classement dans la très prestigieuse revue Magouille?: 24 points, Ma position?: 196.
Le Ministère de l’Inutilité ne sera pas un objet décoratif et je ne serai pas là plante de bureau qui profite de la lumière…
Je ne suis pas venue ici pour vous promettre. En revanche, sachez que des projets sont en cours d’élaboration et qu’ils seront présentés très rapidement à M. le Premier Ministre, M. le Président et surtout à… comme je pense qu’il mérite d’être appelé, car «?admin?» c’est inutilement pas terrible… à Mr. La Haute Autorité.
Ma nomination ne sera pas une étoile décorative. Elle ne servira pas à flatter des égos ni à remplir les agendas des ambitieux. Elle sera un levier, silencieux mais puissant, capable de déplacer les lignes là où l’apparente absence d’action trompe ceux qui ne regardent pas attentivement.
Chaque décision que je prendrai, chaque geste que j’exécuterai, sera calibré pour être exactement ce qu’il doit être?: parfaitement inutile… et parfaitement efficace.
Ce ministère sera l’exemple de ce que peut accomplir la rigueur dans l’inutile, la discipline dans le paradoxe, la précision dans l’absence de spectacle. Bri ne s’efface pas. Bri ne se fond pas. Bri avance, et l’Inutilité avec elle.
Chaque mot, chaque action, chaque silence est un mouvement calculé. Ceux qui croient juger l’inutile sans comprendre sa valeur découvriront que l’invisible peut être plus influent que le visible.
Avant de vous quitter, je tenais à saluer mes prédécesseurs, qui ont été jusqu’ici inutiles mais à leur manière.
Je vous remercie.”
***La foule reste figée. Les applaudissements n’éclatent pas immédiatement. Certains journalistes échangent des regards incrédules, comme si la gravité de la scène rendait superflue toute réaction. Les crépitements des appareils photos continuent, mais l’impact est silencieux, précis.. Certains spectateurs frissonnent, pris entre admiration, intimidation et fascination. Puis, lentement, la salle s’anime. Des murmures approbateurs, des notes griffonnées sur des carnets, des caméras qui continuent à filmer : le moment est immortalisé. Bri descend du podium avec la même assurance qu’à son arrivée, laissant derrière elle un ministère transformé, non par un geste spectaculaire, mais par l’influence subtile et exacte de sa présence.